Inca 1. by Antoine B Daniel

Inca 1. by Antoine B Daniel

Author:Antoine B Daniel [Daniel, Antoine B]
Language: eng
Format: epub, mobi
Tags: Incas
Publisher: interforum editis
Published: 2011-03-24T01:34:18+00:00


- C'est que vous avez mal fait votre travail!

- C'est que la litiére est plus lourde que prévue. Et puis, il y a le second radeau. Vos soldats pourront y suivre la Coya

- Cela suffit! intervient Anamaya. Officier, venez sur ce radeau avec le gouverneur du pont. Si son radeau est mal construit, il en subira les conséquences comme nous!

En vérité, dés que l'embarcation est l‚chée dans le courant, Anamaya comprend le souci des hommes qui cherchent à la diriger. Outre son vacillement qui ne fait que s'amplifier, elle prend une trés grande vitesse en atteignant le coeur du fleuve. La puissance des eaux semble, en quelques secondes, devoir l'empor-179

ter sur la force des hommes qui enfoncent leurs perches avec une rapidité

stupéfiante.

Soudain, l'un d'eux crie. Un remous inattendu apparait, fortement creusé.

Les six hommes passent du même côté du radeau pour pousser vers la droite.

Mais tout va trop vite. Le choc souléve une premiére fois Anamaya. Les rondins rebondissent et raclent la roche masquée par l'eau. La litiére se souléve une nouvelle fois et bascule sur le côté. L'officier d'escorte se couche d'un bond sur le brancard pour la retenir. Anamaya s'agrippe aux montants du siége, le buste ployé pour contrebalancer son inclinaison.

La litiére retombe lourdement, mais l'un des pieds tranche d'un coup l'un des liens déjà affaibli par le choc. Le rondin central du radeau qui s'est délié s'enfonce dangereusement tandis que le radeau tout entier commence à

tournoyer sur lui-même.

La roche grise, là-bas, qui annonce les rapides et qui semblait assez éloignée, se rapproche maintenant à une folle vitesse. Le gouverneur du pont lance une sorte d'aboiement, puis un autre. Puis encore un autre.

Alors, avec un ensemble parfait, les six hommes aux perches poussent ensemble.

Cela ressemble à un ballet. Les perches se soulévent, s'enfoncent, ploient et glissent, se soulévent à nouveau, s'enfoncent et ploient. La sueur perle sur les nuques, mais le radeau se stabilise. Mieux, il s'écarte du centre du courant. Les aboiements continuent, les perchent ploient si fort qu'elles semblent vouloir se briser. Mais enfin, alors même que le grondement des rapides roule dans l'air comme une menace imminente, le radeau ralentit. Il commence à glisser vers la berge.

Le gouverneur du pont sourit. Il se retourne vers Anamaya et la salue.

Chacun des hommes se rend compte que la Coya Camaquen n'a pas dit un mot, pas poussé un cri de frayeur durant le danger.

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Elle sourit à son tour, surprise par la douceur du contact des rondins sur la rive.

Tandis que la litiére est déposée sur l'herbe, elle observe les hommes, sentant la fraicheur de l'air et ce plaisir récent encore si étrange : les regards posés sur elle sont pleins d'admiration et d'un respect nouveau.



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